[EN LIGNE] Absorber, manger

Séminaire

Se repaître d’images

Nous avons pour habitude de penser les images à l’aune de leur visibilité, et il y a bien sûr de bonnes raisons à le faire. Mais que se passe-t-il quand l’image, par sa matérialité et ses fonctions sociales, en appelle à d’autres sens ? Qu’advient-il quand la vue cède le pas au toucher ou au goût, et que l’artefact figuré n’est plus seulement contemplé, mais bu, mangé, ingéré ? Pour répondre à ces questions, nous confronterons le rituel eucharistique – lequel repose sur la mise en partage d’une hostie estampée pour instituer la communauté – à divers rituels profanes mettant en jeu des images comestibles (gaufres héraldiques, pain d’épices figuratif, mets sculptés...).

Absorber l’image, goûter le texte : les bols « magico-médicinaux » islamiques en contexte

Quoiqu’elle soit parfois contestée, l’ingestion des images, textes et matières efficaces appartient à un ensemble de pratiques prophylactiques établies de longue date dans le monde islamique.
En fait partie l’absorption de textes sacrés au moyen d’encres apposées sur
la surface de bols en céramique, puis trempées avec certains liquides. Autour du vie siècle de l’hégire (le XIIe siècle apr. J.-C.), la production de bols métalliques gravés d’images, de textes et de signes efficaces destinés à être utilisés contre divers aliments atteste d’une intensification de marchandisation associée à des traditions plus éphémères d’iconophagie et de logophagie. Ces bols métalliques, qui purent être utilisés et réutilisés par divers usagers, constituent une sorte d’assemblage de technologies prophylactiques distinctes, mises à disposition pour une utilisation pratique. Unifiant des modes de consommation haptique, verbal et visuel, ces bols posent la question de l’incarnation, de l’incorporation et de la médiation, concepts particulièrement liés au thème de la présente séance.

Intervenants
Finbarr Barry Flood (New York University), Jérémie Koering (université de Fribourg)

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À propos de ce séminaire : Gestes d'images

Nombreux sont les gestes attachés à la manipulation physique des images. Dessinant un faisceau de procédés, d’usages et de valeurs, ils font l’objet de ce séminaire. Ce cycle est consacré à l’exploration des opérations matérielles que suscitent les pratiques quotidiennes ou exceptionnelles, populaires ou savantes des images, de leur fabrication à leur manipulation, leur association, leur altération, etc., ainsi qu’à l’analyse de ce
que de telles pratiques indiquent du rôle des images comme de la valeur qui leur fut conférée. Ainsi, il s’agit d’explorer les formes les plus extrêmes de l’appropriation des images – de celles que l’on ingère à celles que l’on détruit – avant de s’intéresser, à rebours, aux images qui protègent et aux manières de les protéger.

Succédant à une première série d’interventions centrées sur la notion d’appropriation, le séminaire se prolongera jusqu’en juin 2022. Axé sur un long XIXe siècle, il ne s’y limitera néanmoins pas, et s’ouvrira à des champs variés, du tatouage à l’ingestion des images, en passant par la manipulation de caricatures et les modalités de l’iconoclasme.

Un site internet accompagne le séminaire : gestesdimages.inha.fr. Rassemblant résumés des interventions et biographies des intervenants, le replay des séances et les bibliographies détaillées, de même qu’un faisceau d’images, de vidéos et de liens vers des sources et ressources en ligne, ce site en perpétuelle évolution se présente comme le reflet des travaux du séminaire, et comme le lieu de ses prolongements.

Responsable scientifique
Marine Kisiel (laboratoire InVisu CNRS/INHA)

Séminaire
André Gill, « La Foire au pain d’épice », L’Eclipse, 7 mai 1876. Paris (France). BnF
  • Avril 2022

    • Jeudi 21

      14:00 - 16:30

Adresse

En ligne

2 rue Vivienne - 75002 Paris

Conditions

  • Lien d'inscription Zoom : https://us02web.zoom.us/meeting/register/tZUvc-6urD4sG9R2o59F6Cy8RGqLhyu4I2Kv